LES FLEURS FANEES DE DECEMBRE TOUJOURS RENAISSENT
Mai 2012 - A une amie trop tôt partie
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HERITAGE (POEME LYCEEN)
J’ai ce goût d’hier, j’ai cette passion en moi,
Ce torrent de folies, d’Hommes et de leurs peines.
Il déferle dans mes veines, causant autant d’émoi
Qu’il le faisait encore en délaissant les tiennes.
J’ai quelques souvenirs, fugaces, oubliés.
Pourrais-je jamais jurer qu’ils ne sont pas rêvés ?
Tu es pour moi cette femme, fragile, croisée,
Siégeant en souffrance au trône d’éternité.
Qu’ai-je donc encore de toi ? La vie. Cette vie
Que tu as fait éclore mais n’as pas vu fleurir.
Elle pousse, tordue, avide de tes cris,
Mais s’épanouit aussi dans l’éclat de tes rires.
Et elle est là, elle aussi, surgissant des brumes
Dont elle t’a parée, cruelle… Pourquoi-pas ?
Elle m’oppresse autant qu’elle t’as éloignée de moi.
Ce n’est pas ton parfum mais son air qui m’enfume.
2003 - A ma mère
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LA CONDITION HUMAINE
Maudite matrice aux illusions
Qui me fait espérer
En des ombres assassines
En un sombre venin
Plus furieux que ce monde
Fait de désespérance.
Bêtes atroces, infernales,
Obscurcissez ce jour
Où je fus fait fils d’Homme.
Que je demeure couché,
Tranquille,
Et me repose.
Qu’elle vienne à moi
La barque décharnée
Au capitaine dont les captifs
Demeurent en paix.
Titubant, étourdit, sur ce morne chemin
Qu’avaient tracé pour moi les infâmes harpies,
Je m’enlisais en ombres et n’apercevais rien
Si ce n’est cet abîme où siégeait mon esprit.
N’espérant que l’aurore, je n’attendais que toi !
De ma noire fumée mon destin fut lavé,
Et mon bonheur dès lors me fait envier des rois,
Qui jalousent le jour où nos amours sont nées.
C’est le chant des oiseaux qui inonde mes jours,
A jamais contre moi c'est ta peau qui se glisse,
De l’écorce des troncs des pétales bondissent :
Voit ma triste vallée s’illuminant d’amour !
Sous tes pas impétueux notre torrent jaillit,
Ma déesse, ma Phoebus, tu envoles ma vie.
Février 2005
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OCEAN GRIS DE SOLITUDE
Météorites tombées là,
Lasses d’errer aux vents cosmiques
Gisent entre de vains monolithes
Grisâtres cubes où l’on s’endort,
Que les enfants de Prométhée,
Titan et sculpteur d’hamadas,
Piquèrent aux flancs d’une vallée :
Morne horizon de démesure.
Là-bas des aiguilles se piquent
De percer le drap de coton
Voilant aux dieux l’odieux tableau,
L’artère béante de l’ennui.
3 février 2011
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UNE MAIN QUI DANSE
Ma nue, hélas, raye de sa plume,
Les pages d’un livre de Sigmund.
Sa main qui danse, biffe et assume
S’anime d’une colère qui gronde.
Ma nuée, là, sur elle se pose,
Enveloppant la frêle fureur,
Qui à l’instant marque une pause.
Serait-ce un signe avant-coureur ?
Mann huait la psychanalyse :
Aurait-il vu dans ces colères
Le signe d’un cœur qui déguise
En « je m’en fous » l’envie de plaire ?
Mai 2008 - En réponse à un défi, en réponse à Manuela
ACROSTYCHE AMOUREUSE
Embrassant les rivages d’un éternel amour
Les contours de mon cœur s’embrasent à ta lumière.
Vois ici les reflets de tes plus beaux atours,
Ils m’enlacent de liens que je ne peux défaire.
Ne serais-tu donc pas cette nymphe mutine
Aimante et plus aimée que ces ombres croisées ?
Je m’enivres de toi qu’à coup sûr me destinent
Et la fougue et la vie ces fidèles alliées.
Traversons enlacés notre aurore joyeuse,
Aliénons nous le temps qui se joue de l’ardeur.
Il est d’autres passions toutes aussi impétueuses,
Mais je jure à tes yeux les emplir de bonheur.
Et l’amour en nos cœurs aura son paradis.
Juillet 2004
Sous les feuilles d'automne, bercées par le vent,
Deux ombres courbées s'attardent tendrement.
Leurs mains sont osseuses, et leurs peaux sont creusées
Des épreuves qu’à deux ils dû surmonter.
Harassés, ils s’assoient sous l’ombrage et se taisent.
Là, le cri des oiseaux leur rappelle Falaise.
« Te souviens-t-il du temps où nous étions heureux ?
Te souviens-tu de nous, enlacés, amoureux ? »
Mais cette voix s'épuise, espèrant un écho,
Et le silence qui suit semble tel un bourreau.
De lents doigts se perdent sur une peau glacée :
« Ne pars pas, la prie-t-il, souviens toi du passé. »
Sous les feuilles d’automne, bercées par le vent,
Une ombre abbatue disparait en pleurant.
Ses mains sont osseuses, ses prunelles rougies ;
Il laisse derrière lui son amour et sa vie.
Octobre 1999
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